2-24 Décembre 1999 à Octobre 2000, le passage de Robert Guéï ou comment la Côte d’Ivoire n’a pas su négocier la paix
a-la folie des espoirs d’une paix
L’ivoirien s’en souviendra pendant encore des décennies et le « soulagement politique» que l’on avait voulu en attendre, ce 24 décembre 1999, avec cette déclaration solennelle du chef du CNSP(Comité National de Salut Public) :
« nous sommes venu pour balayer la maison et après nous remettons le pouvoir… »
Pour anecdote, ce jour là, un nigérian rencontré au grand marché de divo , me posa cette question suivi de ce conseil :
-que se passe t’il ?
-moi de répondre avec une joie qui illuminait mon visage, Guéî vient de prendre le pouvoir
-le nigérian de poursuivre, c’est donc un coup d’état ? Pardonnez, le visage horrifié, pardonnez faites tout pour que ce coup ne réussisse pas, sinon vous venez de vous inscrire dans une histoire d’au moins vingt ans d’instabilité. Nous, nous avions connus tellement ces moments, que nous en avons même un diplôme, pardonnez !
-je le laissai, avec l’empressement de me rendre chez un ami pour parler des espoirs que l’on pouvait attendre de ce « coup »
Gbagbo , se trouvait alors au Gabon, à son arrivée en Côte d’Ivoire déclara aux journalistes, que ce coup était salvateur et que c’était une avenacée pour la démocratie. Pas seul à le penser il faut l’avouer.
Le fait marquant, pour ce politique, pour la première fois il va accepter la participation de son parti politique (FPI) à un gouvernement .
Guéï s’emploiera à prendre la tête du PDCI-RDA, ce soldant par un échec, Akoto Yao et d’autres personnalités lui offrirent l’UDPCI .
b-la conquête d’un pouvoir légitime
les honneurs et sollicitations des premiers jours firent oublier à Robert Guéï sa mission de balayeur, il vise celle de résident .C’est là que rentre en jeu Laurent Gbagbo en lui collant un « conseiller » du nom de Lida Kouassi Moïse, dont la mission inavouée était de convaincre le chef du CNSP qu’il pouvait et devrait rester dans ce fauteuil de président en organisant rapidement des élections tout en prenant soin d’éliminer Henri K Bédié et Allassane D Ouattara, les vrais poids lourds de la politique ivoirienne .Cela lui (Robert Guéï) ouvrirait le chemin de la présidence légitimement .
Une constitution révisée est imposée avec la fameuse question « et, ou ». La nomination d’un président de la cour suprême ( Tia Koné), dont la mission était de rejetter la candidature de H K Bédié et A D Ouattara, ce qu’il fit avec toute la froideur du « droit » .La tournée nationale de Robert Guéï, voyant la population venu à chaque fois pour l’ « acclamer »,finirent par le convaincre de son accession légitime à la présidence.
Au passage, il est bon de rappeler, pour la mémoire de l’histoire, que cette période très courte, participa pour une grande partie à la survenue de la rébellion de septembre 2002, car de nombreux soldats subirent de grandes humiliations, sévices et atteintes à la vie de frères d’arme, suscitant l’exil forcé d’une grande partie.
Le dégoût du pouvoir d’homme en arme et le désespoir s’installèrent pour de bon dans la population ivoirienne, ouvrant la porte à l’envie du changement, pourvu que ce ne soit plus Robert Guéï.
3-Gbagbo s’ouvre et s’offre le pouvoir
En sa faveur, dans le sens républicain du terme, Honoré Guié (président de la commission chargée d’organiser les élections) et une armée ayant choisi la population et non l’homme siégeant à la présidence, lui permirent d’arracher le pouvoir qu’avait voulu confisquer Robert Guéï.
4-Gbagbo et l’anecdote du miroir, le nid d’un autre désespoir
a-l’anecdote du miroir
Pendant de nombreuses années, un prince chinois sortait sur son balcon aux bras d’un de ses valets pour se faire acclamer par le peuple. Un matin, le valet lui posa la question de savoir qu’est-ce qu’il voyait .Lui de répondre, qu’il voyait le peuple. Ce valet lui mit devant les yeux un miroir et lui reposa la question. Il répondit, je me vois moi seul. Alors le valet brisa le miroir en deux et lui reposa la même question. Un peu agacé, il répondit, je me vois mais je vois aussi le peuple. Ainsi le valet lui dit, lorsque tu seras véritablement à la tête de ce peuple, il faut avoir la force de briser le miroir, pour pouvoir te voir et voir le même peuple qui t’acclame depuis longtemps, ainsi tu verras leurs souffrances et tu pourras au mieux bénéficier de leur joie.
b-Gbagbo n’a pas pu et n’a pas su briser le miroir du pouvoir
Rappelez-vous que Gbagbo nous disait les premiers jours de son investiture, qu’il ne voudrait pas de ses photographies partout, du culte de la personnalité, des nombreuses motions de soutien, des nombreuses délégations de village et région au palais .
Très vite, des voraces du pouvoir, le prirent au piège .Ils lui démontraient qu’il devait asseoir son pouvoir, en ayant des hommes « forts et de confiance » qu’il était Président d’une des plus grandes républiques d’Afrique noir. Son pouvoir n’avait presque pas de limite .le miroir se constitue et se renforce petit à petit.
Le forum sensé mettre à nu les divergences des ivoiriens pour y apporter des solutions définitives, ne fit que retourner le couteau dans les innombrables plaies .A ce forum, personne n’écouta personne. Personnellement, j’ai écouté avec beaucoup d’attention, la communication du président et professeur Omar Konaré, ancien président du mali, qui résuma véritablement ce forum. Mais notre soif de ne rien écouter et de ne faire confiance qu’à « nos » raisons l’emporta.
Le président Mamadou Koulibaly, président de l’assemblée nationale, dans une de ses communications nous prévenait du faite d’avoir accusé les autre de « grilleurs » d’arachides et que le pouvoir en place lui, « mangeait » les semences.
Le peuple commença à perdre espoir, à perdre sa confiance placée en ce nouveau pouvoir, celui qui semblait vouloir tourner la page de longues années du PDCI.
La naissance du terme « ce n’est pas nouveau » allait chasser la critique et la remise en cause.